Qu’est-ce que la pédagogie active ? Pourquoi une école immersive ?

1. L’immersion en occitan : dans les écoles calandretas (on prononce « calandrèto » avec un « o » muet final) l’occitan est la langue de tous les apprentissages, de tous les temps scolaires. Seul l’enseignement du français est fait… en français. L’immersion totale consiste donc à enseigner en occitan et non pas seulement enseigner l’occitan, se distinguant en cela des écoles bilingues de l’éducation nationale où l’enseignement se fait en occitan à mi-temps.
Les travaux des psycholinguistes attestent que les capacités d’acquisition linguistiques du jeune enfant sont exceptionnelles, et qu’une exposition intense à la langue cible est nécessaire pour activer les stratégies naturelles de l’acquisition. La langue est abordée de façon instrumentale c’est-à-dire à travers toutes sortes d’activités et comme moyen d’acquisition de connaissances.
La pratique du bilinguisme précoce ouvre naturellement aux autres langues et cultures romanes et à toutes les autres. Dès la maternelle, les calandrons – élèves – sont sensibilisés à la diversité linguistique avec le programme Musique des Langues. En primaire, le programme Familhas de Lengas – famille de langues – apporte une étude plus approfondie des correspondances entre les langues, ce qui amène les enfants à découvrir leur diversité dans le respect des différences. Le bilinguisme ouvre ainsi des perspectives vers le plurilinguisme : l’enfant qui acquiert une deuxième langue améliore sa première langue et peut facilement en acquérir d’autres.

2. La pédagogie active, deuxième pilier des calandretas, consiste à donner la parole à l’enfant, le rendre autonome, réguler la vie de groupe et l’utiliser comme vecteur d’apprentissage. Elle utilise des « institutions » et des outils pédagogiques qui vont dans ce sens, inspirés des techniques Freinet et de la pédagogie institutionnelle. A noter que ces mises en place peuvent varier d’une Calandreta à l’autre et/ou dans chaque classe au sein d’une même école, car elles sont avant tout un moyen d’enseignement au service d’une classe.
Les institutions
Le temps de classe est rythmé par des moments institutionnels réguliers qui sont à la fois des moments de langage privilégiés, des espaces d’expression personnels et des temps de vie collective pour les enfants.
Pour répondre aux besoins de la classe tout en responsabilisant les enfants selon leur âge, leurs goûts et leurs compétences, différentes tâches et responsabilités sont proposées et réparties entre ceux qui le souhaitent et qui ont les compétences pour les assumer.
Los mestièrs / Les métiers
Lo Qué de nòu ? / Quoi de neuf ?
Un matin par semaine, au canton, les enfants qui le souhaitent racontent tour à tour et en occitan les petits ou grands évènements de leur vie (les moments importants de leur week-end, par exemple, des histoires vraies ou inventées, des rêves…). Moment de parole et d’accueil (de la personne, de l’extérieur, de l’imaginaire, de l’imprévu…), le Qué de nòu ? n’est ni le lieu ni le moment “d’exploiter” : ce qui se dit appelle souvent un signe, pas obligatoirement une réponse, rarement une explication, jamais une exploitation.
Lo Conselh / Le Conseil
Un ou deux matins par semaine selon les besoins de la classe, un moment de régulation de la semaine où les enfants ont l’occasion de faire à la fois des critiques, des félicitations ou tout simplement des remarques sur la vie à l’école. On commence par les critiques, on poursuit avec les remarques, les questions, les demandes et les réclamations et on termine en beauté avec les félicitations.
Lo Cossí vas ? / Comment ça va ?
Tous les matins, une sorte de météo de l’humeur, où l’on raconte ses joies ou ses contrariétés.
La Taula de descoverta / La Table de découverte
Une fois par semaine, les enfants qui le souhaitent apportent un objet de leur choix. Ils expliquent en quoi cet objet est important pour eux, en racontent éventuellement l’histoire. Tous les objets sont ensuite posés sur une table que chaque enfant dessine sur son cahier. Dans les classes maternelles, le dessin est légendé par l’enseignant.
Le soir : le bilan météo
En fin de journée, les enfants se regroupent une dernière fois au canton pour donner leur ressenti sur leur journée. Solelh, Nivol ou Oratge : c’est l’occasion de se libérer d’éventuelles tensions avant de rentrer chez eux.

Cintas / Ceintures
A partir de la grande section, les compétences disciplinaires et comportementales sont évaluées afin de permettre à chacun de savoir où il en est et où en sont les autres, en référence aux compétences qu’il a à acquérir : ce sont les ceintures, système à base de couleurs calqué sur celui du judo et qui reflète le niveau réel de chacun. Toutes les couleurs sont affichées sur un tableau, ainsi que la progression à suivre : chacun se voit progresser, grandir, et sait où chercher de l’aide. Les ceintures permettent d’établir les groupes de travail pour telle ou telle matière, selon les besoins, et de distribuer les tâches à accomplir.
Les ceintures de comportement
Il faut remplir toute une série de critères très précis pour obtenir une couleur donnée et les droits qui lui sont associés. L’obtention de tous les critères répertoriés est nécessaire pour avoir la couleur ou progresser dans la couleur suivante. Un conselh spécial sur les ceintures de comportement a lieu tous les 15 jours, pour faire le point avec les enfants sur les critères qu’ils pensent remplir, et les informer de là où ils en sont. Les parents peuvent prendre les cahiers concernant les ceintures le vendredi soir.
Les ceintures de travail
Elles concernent les matières principales (langue, grammaire, conjugaison, vocabulaire). Les critères sont définis en fonction des notions travaillées. Au bout de 1 ou 2 exercices notés de 1 à 4, les enfants font ensuite une évaluation finale appelée Pròva qui leur permettra d’obtenir la couleur.